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Théodore Géricault

Le Radeau de la Méduse , 1818-1819

 


Le Radeau de la Méduse
1818-19, huile sur toile, 491 x 716 cm,
Musée du Louvre, Paris, France
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Le réalisme submerge l'idéal

L'oeuvre n'est pas romantique mais appartient à un néoclassicisme qui se fissure : la peinture de genre est traitée comme la peinture d'histoire et le « réalisme » submerge l'idéal. Les souffrances de l'être humain accèdent au rang de la peinture d'histoire, au grand genre réservé aux épisodes bibliques, aux exploits des héros grecs et romains et aux hauts faits des monarques. Parmi ces naufragés, Géricault aurait pu faire figurer un exemple de courage spartiate ou de résignation stoïcienne. Or il n'en n'est rien. Hommes et femmes souffrent, mus par le seul instinct de conservation. Ils sont dominés par une souffrance toute animale. Le schéma davidien est transformé.

Les limites de la souffrance

Géricault s'inspire de la Bataille d'Eylau de Gros pour mettre au premier plan les souffrances des hommes dans des circonstances extraordinaires. Géricault choisit un moment de forte tension : à l'horizon un navire se profile ; les survivants rassemblent leurs forces, agitent des linges. Rien ne nous dit que les signaux seront perçus. Géricault se révèle un exceptionnel dessinateur et un prodigieux constructeur de l'espace pictural, ajoutant à son oeuvre une tension dramatique violente et une force des éclairages venant des peintres baroques napolitains et du Caravage.

Un drame de l'incurie

Inspiré d'un événement récent, que Géricault analyse « à chaud », cette oeuvre évoque le naufrage du bateau la Méduse, coulé le 2 juillet 1816. L'affaire défraye la chronique, cent quarante-neuf rescapés s'étant entassés sur un radeau de fortune, à bord duquel ils devaient souffrir vingt-sept jours avant d'être sauvés par un autre navire, l'Argus, qui ne recueillit en définitive que quinze survivants. Tout dans cet épisode provoque le scandale : le contexte politique avec la mise en cause d'une administration qui a laissé un capitaine inexpérimenté diriger le vaisseau, les scènes d'anthropophagie sordides qui eurent lieu à bord du radeau et la noirceur générale de l'histoire.

 

Biographie

 

 
Né le 26 septembre 1791 à Rouen, mort à Paris le 26 janvier 1824, Théodore Géricault issu d'une famille bourgeoise royaliste, il suit ses parents qui s'installent à Paris en 1796.

Là, il entre au lycée, mais les études ne l'intéressent guère ; il n'a que deux passions : l'art et le cheval. Sa mère meurt en 1808, et grâce à son héritage, le jeune Théodore, entre dans l'atelier de Carle Vernet(1758-1836)peintre spécialisé dans l'étude des chevaux.

Il se lie avec le fils du maître, Horace Vernet. En 1810, il quitte l'atelier pour se joindre à celui de Pierre-Narcisse Guérin, maître de l'école néo-classique, puis le 5 février 1811 à l'école des Beaux-arts de Paris.

Il présente au Salon de 1812 une peinture équestre qui fait sensation, il remporte même une médaille. Mais le Salon suivant ne lui apporte que déceptions : ses oeuvres passent inaperçues.

En 1814, il suit le roi Louis XVIII en fuite à Gand. Après avoir échoué au concours du Prix de Rome en 1816, il voyage en Italie, découvre les peintres de la Renaissance italienne, Michel-Ange, Raphaël et le peintre flamand Rubens.

De retour à Paris, il s'installe rue des Martyrs, pas loin de son ami Horace Vernet, et prépare une oeuvre monumentale : le radeau de la Méduse, qui sera présentée au Salon de 1819. L'oeuvre montre avec réalisme, particulièrement dans l'expression de l'agonie, les survivants du naufrage du navire la Méduse entassés sur un radeau. Bien que controversée, cette toile eut un grand succès et Géricault eut une médaille.

D'avril 1820 à novembre 1821, Géricault organise une exposition itinérante en Angleterre, en compagnie de son ami Charlet, un lithographe qui l'initiera à cette technique. En Grande -Bretagne, il pratique l'équitation et prend pour thème essentiel le cheval.

Il peint les courses de chevaux (le derby d'Epsom - 1821) et fait de nombreux dessins et lithographies d'une puissance extraordinaire évoquant le dur labeur du cheval au travail ainsi que les scènes de la vie quotidienne.

La peinture anglaise l'inspire beaucoup. En novembre 1821, il rend visite au peintre Jacques-Louis David en exil à Bruxelles.

Il rentre à Paris en décembre 1821. Entre 1822 et 1823, Géricault mène une vie désordonnée, dépense de grosses sommes d'argent pour entretenir plusieurs chevaux. Parallèlement à cette vie, son art s'oriente vers les peintures évoquant la souffrance et la mort. Après des visites à la Salpetrière, il peint une série de dix portraits " d'aliénés mentaux ". Cinq toiles subsistent actuellement, comme la monomane du jeu, le kleptomane ou la monomane de l'envie. Ces toiles marquent l'intérêt de l'époque pour l'expression des névroses.

Peu de temps après son retour d'Angleterre, il avait fait une chute de cheval. L'abcès qui s'était formé du côté gauche avait été traité, mais la lésion à la colonne vertébrale est passée inaperçue.

Deux nouveaux accidents entraîneront une aggravation de ses lésions : il s'alite en février 1823 et ne se relèvera jamais.

Il meurt le 26 janvier 1824, laissant inachevés de grands projets, restés à l'état d'esquisses, traitant de l'abolition de l'esclavage, l'Inquisition et la traite des Noirs.

Ayant peu exposé de son vivant, Théodore Géricault laisse une oeuvre malheureusement dispersée, mais riche et variée, témoignant de sa quête de l'humain. Ses oeuvres les plus " dérangeantes " sont des études sur des têtes de suppliciés ( Stockholm ), des fragments de membres humains (Musée de Montpellier). Géricault introduit dans la peinture le mouvement, la couleur, et les thèmes réalistes qui permettent de parler, à partir de Delacroix son héritier spirituel, d'une nouvelle école : le romantisme.

 

Ses principales oeuvres datées

• Officier de Chasseurs à cheval, 1812 (Louvre, Paris)

• Cuirassier blessé, 1814

• Le Forgeron, 1814

• Courses de chevaux libres à Rome, 1817

• Courses de chevaux barbes, 1817 (plusieurs versions dispersées dans les musées de Paris, Rouen, Lille, Baltimore, et dans des collections particulières)

• Le Radeau de la Méduse, 1819 (Louvre, Paris)

• Le derby d'Epsom, 1821 (Louvre, Paris)

• L'Aliéné Cléptomane, vers 1822

• La Parieuse, 1822

• L'Aliénée, 1823

 

Oeuvres non datées

• Chevaux à la corde (Collection Bührle, Zurich)

• Cuirassier blessé quittant le feu (Louvre, Paris)

• Officier de Carabiniers (Musée de Rouen)

• Le train d'artillerie (Pinacothèque, Munich)

• Alexandre 1er et son Etat Major (Musée de Bruxelles)

• Cheval gris couvert d'une peau de panthère (Musée de Glasgow)

• Autoportrait (Musée de Rouen)

• Autoportrait (Louvre, Paris)

• Trois pièces de gibier (Musée de Besançon)

• Le four à plätre (Louvre, Paris)

• Série des fous (dispersés dans les musées du Louvre, de Gand et de -* Lyon, et dans des collections particulières)

• L'épave (Musée de Bruxelles)